Liturgie, pensée théologique et mentalités religieuses au haut Moyen Âge

L’histoire du culte chrétien dans l’occident médiéval s’est élaborée grâce à l’étude de trop rares témoins manuscrits, écrits en latin. Pour les comprendre et les interpréter, il importe de conjuguer les méthodes de l’histoire, de la philologie, de la théologie. On découvre alors que ces sources, quoiqu’occupées aux célébrations chrétiennes, sont solidaires du contexte culturel de l’époque où elles ont été écrites : la liturgie est le reflet aussi bien que l’agent de sa culture.
L’époque carolingienne est un exemple particulièrement intéressant pour l’observation de ce phénomène, en raison de l’importance des bouleversements politiques, sociaux et culturels qui la traversent. C’est une époque de réforme politique et religieuse, et de forte évolution de la liturgie : en témoignent la modification, en pays francs, des sources de provenance romaine ou l’apparition des commentaires allégoriques. Ces nouveautés traduisent le développement de nouvelles mentalités religieuses, bien éloignées de celles qui avaient produit les sources romaines dont se réclame le nouvel empire. Adapter les rites et leur compréhension aux mentalités du nord des Alpes pour leur permettre de célébrer correctement le culte et de former les fidèles a constitué le défi des liturgistes carolingiens.
L’ouvrage est ainsi amené à mettre en évidence, comme clé de compréhension de la liturgie médiévale, le rapport constant que celle-ci entretient avec son milieu culturel et ses évolutions.